mardi 2 novembre 2010

Gens du voyage : en route pour le relogement

Les pelleteuses ont commencé le travail au 45 rue de l'aéropostale, le terrain des gens du voyage. Avant 2017, un lotissement sortira de terre pour reloger les 150 familles qui s'y sont sédentarisées. L'opération, d'un montant de 30 millions d'euros, fait partie du plan de rénovation urbaine du Neuhof. La démarche de la ville : respecter les modes de vie de ces populations.

Le terrain est entretenu tant bien que mal par les habitants. (C.B.)
Des baraques en tôle, des caravanes, quelques caisses de bois abandonnées, et des poules en liberté. Le 45, rue de l'aéropostale ressemble plus à un bidonville qu'à un campement de gens du voyage. Dans les années 1970, ils se sont installés sur ce terrain, et y sont restés. Aujourd'hui, Environ 500 personnes vivent dans cette insalubrité criante. Ils sont d'origine tsigane, yeniche (du Palatinat) ou espagnole. Des populations nomades qui se sont peu à peu sédentarisées, et qui font aujourd'hui partie intégrante du Neuhof. Pour Annick Neff, adjointe de quartier, cette misère contribue à les stigmatiser. Et les difficultés sont d'abord administratives.

D'ici à 2017, chacune de ces familles aura enfin un véritable toit, et une adresse propre. Dans le cadre de la résorption de l'habitat insalubre, lancée par l'État en 2000, la CUS a entamé une opération de relogement de ces populations. Petit à petit, l'actuel terrain du Polygone sera rasé et laissera place à un lotissement flambant neuf, s'étirant sur 7 hectares et comptant 150 maisons individuelles. L'opération coûtera 30 millions d'euros, dont 11,5 millions à la CUS, 10 millions à l'État, et 8,5 millions au bailleur social Domial, chargé de mener les travaux.

Des mobil'homes provisoires

Une quinzaine de familles vivent dans ces mobil'homes. (C.B.)
Les pelleteuses ont d'ores et déjà commencé à déblayer les constructions de fortune, et à créer les futures voiries. Pour le moment, une quinzaine de familles, venant de la zone la plus au nord, ont été déplacées dans des mobil'homes en bordure du terrain. Une trentaine d'autres doivent encore les rejoindre. Elles y résideront jusqu'à ce que leurs maisons soient prêtes, dans deux ans. Les familles de la deuxième zone s'installeront alors dans les mobil'homes, et ainsi de suite jusqu'à la quatrième et dernière zone.

Déjà en 2007, la cité des aviateurs, toute proche, avait été construite par la municipalité précédente pour accueillir des gens du voyage : des habitations toutes identiques, aux murs gris et aux toits plats. Mais contrairement à cette première expérience, la Ville a tenu cette fois ci à intégrer les futurs occupants dans le projet. Ils ont été consultés à plusieurs reprises, par le biais de l'association Lupovino, qui n'a pas souhaité réagir. Pour Annick Neff, la prise en compte de leurs modes de vie est primordial.
 

Le futur quartier du Polygone. (Image Domial)
La plupart des maisonnettes seront donc de plein pied, car « les gens du voyage ne sont pas habitués à vivre avec un étage », explique Philippe Bies, adjoint au logement. Chacune possèdera également son bout de jardin, et un emplacement pour caravanes « puisqu'ils voyagent encore beaucoup l'été », détaille Annick Neff. Mais pour l'adjointe de quartier, répondre à leurs attentes a parfois été un véritable casse-tête : « le plus compliqué a été de savoir qui placer côte à côte, car les communautés sont nombreuses et le voisinage est parfois difficile. »

Liliane Weiss, son concubain, et sa sœur Micheline Kreutzer. (C.B.)
Maintenant que le projet commence à se faire connaître, la ville est confrontée à un nouveau problème : de nouvelles familles viennent s'installer au Polygone, dans l'espoir qu'on leur donne un logement. Liliane Weiss a pu observer ce phénomène. Elle est tsigane, et vit sur le terrain depuis 36 ans avec son concubain et ses enfants. Elle attend sa nouvelle maison avec impatience. Ce qu'elle veut avant tout : du confort.

Pourtant, ce grand chantier comporte toujours des zones d'ombre. Le recensement de cette population date d'une dizaine d'années : on a alors prévu d'attribuer une maison à chaque famille qui le demanderait. Mais depuis, de nouvelles familles se sont formées. A elles on n'a rien promis. C'est le cas des enfants de Micheline Kreutzer, la sœur de Liliane Weiss. Elle s'inquiète pour ses huit enfants qui ont quitté le foyer, et qui sont toujours dans l'incertitude.

En attendant que leurs maisons soient terminées, elles continueront à observer le chantier tous les jours pour évaluer le temps qui les sépare de leur nouvelle vie.

Chloé Bossard

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